Une expédition aux Îles Galapagos!

Premier accueil à l'île Baltra, Galapagos, Équateur 

Mars 2021. Les avions sont encore clouées au sol, ou presque. On ne voyage plus beaucoup depuis un an. Depuis cette année bizarre qu'a été 2020 et que 2021 tend à imiter. Peut-être que lorsque la pandémie sera devenue histoire du passé pourrons-nous à nouveau planifier des voyages? Peut-être prendront-ils une nouvelle valeur puisqu'ayant connu la rareté et parce que nous en mesurerons mieux l'impact sur nos communautés, sur l'environnement?

Mais d'ici là, en mal d'horizons nouveaux,  nous pouvons nous replonger avec joie dans nos souvenirs de voyage: du plus simple, en terre connu ou du plus exotique, au bout du monde.

Comme "dans l'ancien temps", bien avant Facebook, Instagram et cie, bien avant Internet...on se fait une petite séance de diapositives de voyage ! Je vous invite: on s'enligne pour une aventure fantastique, au cœur de l'océan Pacifique. 

Mars 2008. Depuis  plusieurs années, les Îles Galapagos animent des rêves de "terra incognita" dans mon esprit. Je me vois comme Charles Darwin fureter ici et là, observant ce monde à part. L'idée prend forme: nous irons cet été en Équateur, visiter ces îles minuscules du Pacifique. 

L'archipel des Galapagos, Équateur (crédit photo: voyage-galapagos.com)

L'archipel des Îles Galapagos  constitué  de 127 îles et îlots d'origines volcaniques, situé à environ 1000 kilomètres de la côte de l'Amérique du Sud, fait partie du territoire de l'Équateur; la capitale de cette province équatorienne est Puerto Baquerizo, sur l'île Santa Cruz . Puisque cet archipel est très éloigné du continent, la faune et la flore  qui s'y sont développées, tant sur terre que dans la mer, y sont exceptionnelles.  On y retrouve plusieurs espèces d'oiseaux, d'animaux et de plantes indigènes, uniques au monde. C'est d'ailleurs ici que Charles Darwin, en 1835 lors de sa longue expédition sur le Beagle a recueilli tant d'observations qui l'ont inspiré et conduit à l'élaboration de la théorie de l'évolution. 

Pour voyager aux Îles Galapagos, le seul moyen est de se rendre d'abord en Équateur; par la suite des vols se font à partir de Quito et de Guayaquil jusqu'aux îles San Cristobal ou Baltra. Une fois sur place, l'exploration de ces terres  étonnantes se poursuit  généralement en bateau : on y est  accompagnée d'un guide et de passagers dont le nombre varie selon la taille de l'embarcation choisie. On se retrouvera à 12, 15, 50 ou 100 personnes à découvrir ce monde insolite. Il est possible de faire des visites en solo: quelques îles se prêtent à ce mode d'expédition et on retrouve  des hébergements entre autre sur l'île de Santa Cruz et sur  l'île  Isabela. Toutefois,  dans tout le parc national, le visiteur  se doit d'être accompagné d'un guide naturaliste: la protection de l'environnement est primordial.  On reste dans le sentier balisé, pas question de faire quelques pas à l'extérieur, sinon gare au rappel du guide! 

Sentier balisé, Île de Rabida 

Le voyage en croisière facilite les déplacements d'une île à l'autre et plusieurs itinéraires sont proposées qui explorent différentes régions de l'archipel alors que de  voyager seul implique des coûts pour chacun des déplacements et pour le guide accompagnateur. Même si toutes ces îles sont attrayantes, certaines ne sont pas accessibles aux touristes étant réservées et préservées pour la recherche scientifique*.

"Le catamaran" 

Nous optons pour une croisière en catamaran: nous serons 17 à bord: 12 touristes venant de partout dans le monde (Italiens, Coréen du Sud, Croates et Québécois) les  membres de l'équipage et le guide sont tous Équatoriens; l'anglais sera la langue commune à tous! Voiles dehors le jour pour les déplacements plus courts et moteurs la nuit pour les longs trajets, notre catamaran nous accueille avec de charmantes, minis cabines. Très minis. Je prends conscience en mettant les pieds à bord, que nous serons en haute mer, sur l'océan et qu'il est bien possible que la houle perturbe la tranquillité de mon esprit ! Le capitaine et le guide se font rassurants: en cette saison, en août, la mer est calme. Ouf !  Nous voilà partis ! 

Partout sur les îles les animaux sont présents, tranquilles, nullement effarouchés par la présence humaine, car les humains ici ne sont pas perçus comme des prédateurs. Si on peut s'en approcher, il n'est pas question de les toucher: on se garde une petite gêne ! On les observe et...ils nous observent ou ils semblent prendre la pose pour nous. 

Conolophus subcristatus ou iguane terrestre des Galapagos, île Santa Cruz 

Cet iguane à la frimousse si sympathique est une pauvre bête vulnérable en raison de l'introduction d'animaux comme les chiens et les chats qui détruisent les terriers et mangent les oeufs et les petits. Ils sont donc maintenant protégés: la station Charles Darwin en élève en captivité avant de les réintroduire dans la nature.  Ces iguanes mesurent entre un mètre et un mètre cinquante; ils peuvent vivre jusqu'à 60 ans. On les aperçoit souvent sur les rochers à se chauffer au soleil, leur température corporelle variant selon la température extérieure. 

Les iguanes se réchauffent au soleil et sur les rochers 


L'iguane terrestre s'alimente en grande partie de cactus: on l'aperçoit ici en croquer un morceau! 


Coucou, je suis Amblyrhynchus cristatus, l'iguane marin des Galapagos 

Bien que capable de se mouvoir prudemment sur le sol, l'iguane marin y paraît plutôt  maladroit; il est beaucoup plus habile dans l'eau où il se nourrit surtout d'algues marines. Imaginez-vous le rencontrer lors de votre baignade ou d'une plongée en apnée? Frousse garantie! 
Les iguanes marins sont des animaux grégaires: on les aperçoit fréquemment en petits ou grands groupes, collés les uns sur les autres, sur les rochers ou les plages, cherchant eux aussi à conserver leur chaleur corporelle. Il y aurait 11 sous-espèces d'iguanes marins dans l'archipel des Galapagos. L'iguane marin est  lui aussi considéré comme un animal vulnérable, c'est-à-dire menacé d'extinction: les principales menaces étant les modifications de son milieu de vie par la pollution ou les catastrophes naturelles et les animaux introduits par les humains au cours des siècles; chats, chiens et rats sont ici aussi coupables de la destruction de nids et de petits.

Un des animaux endémiques des plus connus des Îles Galapagos est certainement la tortue géante ! Géante  car qu'elle peut peser jusqu'à 500 kg et mesurer  1, 80 mètre !  Elle   semble venir d'une époque très lointaine, avec son petit look préhistorique ! Ces tortues géantes ont une très  longue espérance de vie, soit de 150 à 200 ans lorsqu'elles vivent dans leur milieu naturel. "Georges le solitaire", sur la photo ci-dessous, est  un des fiers représentant d'une des 11 sous-espèces encore existantes (4 sous-espèces se sont éteintes). Il est mort en 2012, sans s'être reproduit. On croyait cette sous-espèces disparues jusqu'à ce que en janvier 2020, des scientifiques découvrent  une femelle apparemment de cette même sous-espèce.

Georges le solitaire, à la station de recherche Charles Darwin, sur l'île  Santa Cruz 

Les tortues des Galapagos ont été la proie des navigateurs et pirates pendant  les siècles passés: ils les capturaient et en remplissaient les cales de leurs navires pour s'assurer une nourriture fraîche pendant la durée de leurs périples. Les buses des Galapagos en sont les prédateurs naturels s'attaquant aux œufs et aux petites tortues. Mais encore une fois,   les rats  en sont aussi des prédateurs dangereux.  Il y a un projet de dératisation en cours afin de permettre à la population de tortues géantes de regagner son milieu  naturel en toute tranquillité.

Les excursions quotidiennes sur les îles n'ont de cesse de m'étonner! En plus de ces bêtes placides, étranges que sont les tortues et les iguanes, les oiseaux omniprésents me fascinent: on peut facilement les approcher sans les effrayer.  Mon préféré entre tous, par son allure cocasse,  si facilement identifiable, est certainement le Fou aux pieds bleus !  Il faut les voir plonger en piqué , tête première, les ailes repliées et s'enfoncer à pleine vitesse dans l'eau pour pêcher un  poisson.
Fous aux pieds bleus, île North Seymour, Galapagos 

On les aperçoit partout ces beaux fous! Et par chance, sur l'île Espanola, nous avons pu observer cette danse nuptiale entre deux partenaires  !


Et voici le résultat de cette danse, pour un autre couple de Fous aux pieds bleus... 

Les oisillons tout duveteux sont si mignons... 

Sur ces mêmes sentiers qui nous ont menés aux splendides Fous aux pieds bleus, nous croisons la Frégate des Galapagos. 
Le mâle gonfle son "sac gulaire" émettant ainsi un son pour impressionner les femelles et leur indiquer qu'il cherche une partenaire. Ici aussi on  surprend le mâle en plein flirt devant des femelles...complètement indifférentes!
Île North Seymour, Galapagos 


Grande frégate juvénile 


Duo de grandes frégates en vol 

Hé oui! Même le flamant rose est présent aux Galapagos, il s'agirait d'une sous-espèce du Flamant des Caraïbes que l'on nomme le Flamant des Galapagos. Ils sont peu nombreux ces beaux oiseaux roses: la colonie compterait environ 500 oiseaux seulement. 

Flamant rose, île Floréana, Galapagos 

Outre ces grands oiseaux, de plus petits volatiles habitent aussi l'archipel. Darwin  a d'ailleurs fait plusieurs observations  sur ceux qu'on nomme depuis les "pinsons de Darwin". Tous issus d'une même souche, ces pinsons d'apparence très similaire ont pourtant des signes distinctifs: entre autre, la taille et la forme du bec qui varient chez chaque sous-espèce,  mode d'adaptation en fonction du type d'alimentation qui change selon le milieu de vie.

Mais qui est-ce? Un pinson de Darwin: géospize gris ou géospize olive... 

Petite paruline jaune, en bord de mer 

Adorable Tyran des Galapagos  


Mouettes à queue d'aronde 

Manchot des Galapagos, île Bartoloméo

Le manchot des Galapagos est un des plus petits pingouins du monde et certainement le plus nordiques d'entre eux. Ils vivent dans des grottes et crevasses de la lave côtière, se nourrissant de poissons. Excellents nageurs, ils sont un peu "patauds" sur terre ! Le "Galapagos Conservation Trust" nous apprend que la population actuelle est d'environ 2000 oiseaux, tous très sensibles aux changements climatiques; dans l'eau comme sur terre, ils sont aussi vulnérables face à des prédateurs comme les requins, les phoques et lions de mer. 

Il y a bien les oiseaux, les tortues, les lézards et iguanes...mais est-ce qu'il n'y a pas quelques mammifères dans ces îles?

Otarie des Galapagos 

Les phoques et les lions de mer sont de fiers représentants des mammifères, fréquemment rencontrés lors des randonnées en bordure de mer. On les côtoie, on leur cède le passage quand ils empruntent le même chemin que nous, on les admire surtout alors qu'ils sont à quelques pas de nous,  assoupis sous le chaud soleil.

Maman otarie et son nouveau-né, Suarez Point, île Espanola 

Ce voyage permet aussi aux amateurs de plongée de s'émerveiller de la faune marine de l'archipel des Galapagos. En mer, il n'est pas rare de voir rôder autour du catamaran des requins et des dauphins et  même un requin marteau s'est pointé le nez à ma grande surprise. En apnée, on aperçoit des raies et des tortues de mer. Les baleines font aussi partie de ce paysage maritime, ainsi que tant d'autres poissons très colorés. 

Tous ces animaux, ces oiseaux on les approche dans un décor unique au monde, un paysage grandiose. Même la végétation nous en met plein les yeux !


Sur cette photo, on découvre la mangrove de Caleta tortuga negra sur l'île Santa Cruz. Ici la visite se fait uniquement en "panga", le moteur éteint. Si on est attentif, on voit passer sous l'eau des tortues de mer, des raies moutarde et même des requins à aileron.  Au petit matin, nous avons aperçu une foule de Fou aux pieds bleus rassemblés pour la pêche: ils s'envolent soudainement  et tout aussi soudainement ils plongent tête première  pour attraper leur proie. 

Avis aux amateurs  de cactus, vous n'en croirez pas vos yeux!

 Île South Plaza 

Cactus géants , Île South Plaza 

Cactus Opuntia echios, île South Plaza 

Cactus de lave (Lava cactus), île Bartolomé 

Ces cactus de lave  sur l'île Bartolomé se retrouve dans un paysage austère, lunaire.



Cônes volcaniques, île Bartolomé

Et il y aussi de ces plages où l'on voit le temps s'arrêter et prendre une bouffée d'air salin.

Il ne faut pas oublier qu'il y a environ 30,000 personnes qui habitent ces îles: il y a donc présence humaine ici-et-là.



Une rue de Puerto Ayora, île Santa Cruz, 

Un client pour le comptoir de poissons de Puerto Ayora, île Santa Cruz

Boîte aux lettres de l'île Floréana

Connaissez-vous l'histoire de cette boîte aux lettres dans un baril? Elle n'est pas banale, je vous la raconte ! Au " Post office bay" de l'île Floréana, il n'y a pas de facteurs, pas de timbres sur les enveloppes ou cartes postales. À l'époque où les baleiniers et autres marins partaient en mer, ils étaient loin de chez eux pour plusieurs mois et les moyens de communications se faisaient rares. De passage dans l'archipel, ils auraient pris l'habitude de déposer du courrier pour leurs proches dans un baril à l'île Floréana. Les marins suivants qui passaient par là triaient le courrier et rapportaient au pays les lettres qu'ils pouvaient remettre à leurs destinataires. Depuis près de 200 ans ce système à cours: maintenant ce sont les touristes de passage qui y déposent  le courrier et font le tri de celui déjà dans le "bureau de poste". Vous trouvez une lettre adressé à quelqu'un qui demeure près de chez vous: vous la prenez, vous la rapportez au pays et la remettez en main propre à la personne à qui elle est destinée ou vous apposez un timbre et vous la postez. Et ça fonctionne !  




Pour en apprendre un peu plus:

Depuis 1978, les îles Galapagos font partie du Patrimoine mondial de l'Unesco. Depuis 2009, elles ont été ajoutées, tristement,  au Patrimoine en péril. L'un des principaux problèmes qui met en danger ce monde unique, c'est bien justement le tourisme, le développement incontrôlé du tourisme ! On compte actuellement environ 250,000 visiteurs par année: ce qui serait le maximum tolérable En inscrivant ainsi les îles Galapagos au Patrimoine en péril, l'Unesco souhaite alerter le monde et conduire à une mobilisation pour  protéger cet écosystème fragile. Les changements climatiques, l'introduction d'espèces animales non-indigènes, l'affluence des touristes, des bateaux de croisière perturbent ce milieu fragile. Il y a maintenant un nombre restreint de visiteurs qui chaque année peuvent se rendre dans l'archipel; un droit de passage est requis pour explorer les îles et certains croisiéristes sont maintenant carboneutres (c'est-à-dire qu'ils compensent l'empreinte de carbone).

https://whc.unesco.org/fr/list/1/

https://www.ledevoir.com/vivre/voyage/519635/les-galapagos-un-paradis-avec-droits-d-admission

*https://www.darwinfoundation.org/en/about

*https://galapagosconservation.org.uk/about-us/



Commentaires

  1. J'ai beaucoup aimé l'histoire de la boîte aux lettres de l'Ile Floréana en forme de baril! Merci de nous faire voyager!

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    1. Bien contente que tu ais apprécié. Ça m'a beaucoup plu aussi de voyager ainsi, de retourner dans mes souvenirs et photos!

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  2. Quel voyage magnifique ! Merci de nous l'avoir partagé. La nature est vraiment belle.

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    1. Ça m'a fait bien plaisir de vous partager ce bel endroit, hors du commun! Je suis bien contente que tu ais apprécié!

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