Les momies égyptiennes au MBAM


Sarcophage d'Irthorrou, grand prêtre

Le Musée des Beaux Arts de Montréal (MBAM pour les intimes) présente une exposition au titre évocateur: "Momies égyptiennes, passé retrouvé, mystère dévoilé". Comment résister à une telle invitation? Mais...pourquoi résister? Je me suis laissée attirée par cette exposition: sans regret je vous assure !

Par où commencer?! Car il faut le dire, il s'agit d'une exposition généreuse!  On y découvre non seulement 6 momies, mais 6 personnes entourées de plus de 200 objets de la vie quotidienne de leur époque dans  une présentation dynamique, interactive et  des informations à profusion. La vie en Égypte il y a quelques milliers d'année y est scrutée par l'intermédiaire des momies présentes: l'importance des rites funéraires et les croyances relatives à la mort et au passage vers une autre vie; le rôle des prêtres et prêtresses dans l'élaboration de ces rites; les divinités nombreuses régissant la vie...et la mort dans l'au-delà...  On nous informe aussi des méthodes actuelles  utilisées par les égyptologues pour connaitre davantage cette civilisation par l'étude des momies: je commencerai donc par vous parler de ce dernier point, soit celui qui fait en sorte que nous pouvons   être maintenant en contact avec ce passé.

L'archéologie et le British Museum de Londres.

Ces six momies toutes bien conservées proviennent  du British Museum de Londres. On les aperçoit toutes enveloppées de bandelettes de lin, telles qu'elles ont été découvertes: pourtant on sait approximativement qu'elles étaient leur âge, on connait leur sexe, on peut "diagnostiquer" assez précisément les causes de leur décès...Mais comment les archéologues ont-ils pu recueillir toutes ces informations sans même voir le corps momifié?
On apprend dès le début de la visite, que le British Museum de Londres s'est doté d'un code de déontologie qui restreint les altérations des momies: elles ont été conservées dans l'état où elles ont été retrouvées ou remises au musée. Jadis les chercheurs défaisait ces bandelettes recouvrant les momies pour  parfaire leur connaissance des modes d'embaumement, de momification; cependant cette approche nuisait à la conservation ultérieure des momies qui se détérioraient ensuite rapidement.

Momie de Nestaoudjat

Le développement de nouvelles technologies  telles la tomodensitométrie (scan) et l'imagerie tridimensionnelle  apportent maintenant des réponses tout en préservant ces témoins du passé. On peut ainsi se rapprocher davantage de ces hommes et femmes vivant aux abords du Nil, il y a quelques millénaires. Ces technologies aussi  utilisées dans cette exposition  en dynamisent la visite: des écrans qui projettent les images des radiographies en 3D par exemple où l'on voit littéralement la personne, sa peau, ses os et ses organes, derrière les bandelettes. Ce qui met en lumière le travail des archéologues...et nous  rend plus réels ces personnes  parties il y a si longtemps pour un long voyage...


La vie en Égypte ancienne...

...nous est décrite par les objets relatifs à cette époque. Une salle d'exposition est dédiée à chacune des 6 momies  présentées, chacune entourée d'objets relatifs à son époque.  Il est fascinant de savoir que ces dames et messieurs  ont vécus entre 900 avant l'ère chrétienne  (AEC) jusqu'à l'an 180 de notre ère, des personnes qui ont donc vécu il y a 2000 à 3000 ans. Comme elles ont été momifiées, ceci porte à croire qu'elles n'étaient pas de simples gens du peuple mais des personnes provenant de l'aristocratie ou d'une classe sociale supérieure: seuls les gens plus riches pouvaient s'offrir une momification. 

Anubis, le dieu chacal

Seriez-vous surpris d'apprendre que déjà à cette époque on décédait en raison de problèmes cardiovasculaires comme l'athérosclérose? Maladies bien contemporaines de notre siècle ! C'est pourtant ce que des images en 3D ont révélé aux chercheurs ! L'alimentation était en cause: ces gens provenant de milieux mieux nantis mangeaient davantage de viande (ou trop?) et avaient une nourriture plus grasse, d'où les problèmes de santé découverts ayant possiblement conduits à leur décès. Plusieurs de ces momies invitées au MBAM avaient des abcès dentaires, des infections des gencives:  imaginez leur souffrance ! Ces abcès et infections  pouvaient conduire au décès en l'absence de traitements efficaces.  Ces problèmes dentaires venaient entre autre d'une usure importante de l'émail des dents causés  par des farines  peu raffinées,  les pains contenant parfois même des grains de sable ou des écorces de céréales...
La maladie et des maux divers étaient inhérents à la vie des anciens Égyptiens: la médecine et la recherche de remèdes étaient l'apanage des prêtres, cherchant à soigner les blessures et guérir les malades, le miel et l'opium faisant partie des traitements proposés.


Stèle de Qeh: en haut un prêtre fait une offrande aux dieux Anubis et Osiris, en bas un homme décédé et sa femme reçoivent des offrandes de leurs enfants

Pour illustrer  la vie quotidienne en Égypte, sont exposés  plusieurs artefacts: des paniers  contenants des raisins secs et des dattes,  des jouets d'enfant  tels des balles et petits animaux sur roulettes, des statuettes représentant la fabrication de la bière, des instruments servant à la momification, des bijoux... toutes choses qui nous rapprochent de ces êtres du passé, les rendent réels, humains.

Bracelet d'or et lapis lazuli, vers 940 AEC (photo: The Trustees of the British Musuem)


Les croyances relatives à la mort et les rites funéraires...

...sont à la source de la momification: manière de conserver le corps et l'âme pour son passage dans l'au-delà.  Lors de la visite de l'exposition, les procédés de momification et d'embaument nous sont partagés.  Ces techniques  ont bien sûr  variées au fil des siècles, mais l'importance accordée à la préparation du mort pour son voyage dans l'autre monde est demeurée. Deux momies exposés étaient des prêtres de l'Égypte ancienne. Nous pouvons apprécier le pouvoir, le rôle et le statut très important qu'ils avaient dans la société, contribuant aux rituels religieux et aux procédés entourant le passage vers l'au-delà. Les Égyptiens de l'Antiquité croyaient à la vie éternelle et la mythologie entourant leurs dieux soutenaient ces croyances: pensons à Osiris maître de l'au-delà et juge des âmes qui accueille les morts et Anubis dieu et maître des embaumeurs.

Vase canopée Djedbastetiouefankh, 380 à 343 AEC qui contenait les organes  d'un défunt

La place prépondérante  des rituels liés à la mort et à la vie éternelle démontrent à quel point les hommes et les femmes  de l'Égypte ancienne étaient préoccupés par la mort, sa signification. Ce constat d'une préoccupation similaire à celle que nous avons en ce XXIe siècle face à cet événement inexorable, nous allie à ces personnes qui ne sont plus que momies et sarcophages, objets de fascination, mais bien des êtres humains en proie aux mêmes questions existentielles que nous.

Finalement...qui sont ces personnes au MBAM qui se cachent derrière les bandelettes de ces momies?  Les hiéroglyphes inscrits sur les cercueils et sarcophages nous renseignent sur  leur nom,  la ville où ils ont vécu et  leur rôle dans la société. Permettez-moi maintenant de faire les présentations ! Vous rencontrerez...

...Tamout, chanteuse du dieu Amon,a vécu vers 900 avant notre ère, elle avait entre 35 et 49 ans;
...Nestaoudjat, une femme qui elle aussi avait entre 35 et 49 ans, mesurant 1,52 mètre, morte vers 700 avant notre ère; 
...Irthorrou, un grand prêtre qui a vécu vers 600 ans avant notre ère;
...une prêtresse et chanteuse anonyme  ayant vécu vers 800 ans avant notre ère;
...un  petit enfant d'Hawara d'environ 2 ans vivant possiblement entre l'an 40 et l'an 60 de notre ère, à l'époque romaine;
...et un jeune homme de Thèbes, dont la momie était ornée de son portrait. Il avait entre 17 et 20 ans et vivait lui aussi à l'époque romaine, vers l'an 180 de notre ère. Pour ces deux dernières momies, nous pouvons observer les changements dans les moeurs et la culture, particulièrement en ce qui a trait aux rites funéraires, un métissage se produisant par les contacts avec les mondes romains et grecs. 



Je ne peux que vous incitez à prendre du temps pour visiter cette exposition et aller à leur rencontre ! Les technologies  de pointe utilisées et les audioguides proposant un parcours pour les adultes et un parcours pour les enfants  contribuent à rendre  la visite accessible à tous.   Il est aussi possible d'ajouter  l'application du MBAM pour obtenir cet audioguide sur notre téléphone ! Des visites guidées sont aussi offertes en lien avec l'exposition: pourquoi s'en passer?

L'exposition qui a commencé en septembre 2019  se terminera le 29 mars 2020.  




Pour en savoir un peu plus:
À propos des technologies utilisées au Bristish Museum:


Un lien vers le MBAM :
https://www.mbam.qc.ca/expositions/a-laffiche/momies-egyptiennes/

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