Connaître Séraphine de Senlis
Détails d'un tableau de Séraphine de Senlis |
Séraphine de Senlis, une illustre inconnue?
Il s'en est fallu de peu pour qu'elle demeure à jamais anonyme, un obscur nom sur une liste de citoyens quelque part à Senlis, en France. Encore aujourd'hui son nom résonne peu dans la mémoire du commun des mortels malgré les efforts faits pour lui rendre un peu de gloire et de notoriété...Je l'ai rencontrée au hasard d'une visite au musée Maillol à Paris, musée qu'on m'avait recommandé de visiter pour les oeuvres de ce M. Maillol. Séraphine a été une rencontre imprévue, étonnante et marquante à l'étage du musée où nous étions conviés à la découvrir.
Et si on prenait un peu de temps pour la connaître?
Vue de Senlis |
Rue de Senlis |
C'est donc en 1912, alors que Séraphine sera domestique chez Wilhem Uhde collectionneur, critique d'art et marchand d'origine allemande qu'il découvrira ses tableaux. Lui qui sera parmi les premiers à s'intéresser à Picasso et qui fera connaître le Douanier Rousseau, qualifiera les toiles de Séraphine de "primitif moderne", un art qu'on pourrait aussi qualifier de "naïf", fruit d'une autodidacte. C'était le premier pas vers la reconnaissance de son talent
...Mais il y eut la Grande Guerre...
La Première Guerre mondiale éloigne Wilhem Uhde de la France. Il y revient en 1927 et c'est un second départ pour Séraphine qui a continué à peindre pendant toutes ces années tout en continuant son travail de femme de chambre. M. Uhde parlera des oeuvres de Séraphine comme étant l'expression d' "une passion extraordinaire, une ferveur sacrée, une ardeur médiévale". Jusqu'en 1930, Séraphine sort de l'anonymat grâce à des expositions organisées par Wilhem Uhde: pendant quelques courtes années elle ne vivra plus dans la pauvreté...
Moment passager: la Grande Dépression limite les achats du marchand, Séraphine ne peut plus vendre ses toiles. Après 1930, son comportement change: elle sombrera peu à peu dans la folie, ce qui sera diagnostiqué comme une "psychose chronique". Elle ne peint plus, prise par son délire. Elle est internée dans un asile psychiatrique où elle mourra pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1942, dans de terribles conditions...elle mourra de faim et d'un cancer du sein...Il semble que sa biographie soit truffée de mythes qui viennent soutenir l'image de génie créateur autodidacte, une image un peu romancée peut-être? Mais la réalité biographique se cache derrière le mythe: on peut croire que cette Séraphine Louis a eu une vie hors du commun, créant une oeuvre toute singulière.
Comme je vous disais...je monte à l'étage du musée Maillol inspirée par les détails colorés d'une affiche nous y invitant. Immédiatement, j'ai été subjuguée par ces tableaux où les couleurs foisonnent, où les détails se multiplient et attirent le regard et où les coups de pinceaux accordent au sujet peint des allures flamboyantes, des mouvements saisissants...peut-être même étourdissants ! Des toiles qui dégagent une force impressionnante. Était-ce le reflet de l'état d'esprit de Séraphine? Est-ce que c'était des indices d'un délire naissant? De ses visions ? Qui sait?
Je garde le souvenir d'avoir découvert une artiste dont j'ignorais l'existence jusque là ! Une artiste marquante tant par son histoire dramatique que par ses oeuvres inspirées.
Que voyez-vous en regardant ces images?
En ressentez-vous le même attrait que j'ai ressenti en les voyant pour la première fois?
Il s'en faut de bien peu parfois pour que se croisent des personnes qui ensemble construisent une nouvelle facette de la réalité; il suffit de quelques hasards pour qu'on aperçoive de nouvelles possibilités...parfois il suffit de prendre du temps pour...
Peut-être auriez-vous le goût d'en savoir un peu plus sur cette femme solitaire, modeste, étrange et douée?
Vous pourriez voir le film du réalisateur français Martin Provost, intitulé tout simplement "Séraphine" qui a été produit en 2008.
Et il y a des livres, entre autre:
-Séraphine de Senlis, Livre d'art, Gallimard, 2008
-Séraphine: La vie rêvée de Séraphine de Senlis,Françoise Cloarec, éditions Phébus, 2011
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