Explorer Lisbonne!

Vue de Lisbonne du Château Saint-Georges

Septembre 2018, une idée me traverse soudainement l'esprit: si j'allais visiter Lisbonne cet automne? L'idée me plaît vraiment! Le plan se forme tranquillement: à la faveur de mes disponibilités et de celles de ma fille (grande voyageuse!), il est convenu que nous nous rejoindrons dans la capitale du Portugal à la mi-novembre.

Ascenseur Santa-Justa

Deux mois à préparer ce voyage ! Il y a longtemps que je souhaitais me rendre à Lisbonne! Maintenant, je constate que je connais bien peu de chose sur cette ville et ce pays...Bien sûr, il y a le porto, les bons vins, les pastéis de nata, le poulet piri piri! 

Il y a aussi les grands explorateurs qui en sont partis pour aller à la découverte du monde au risque de sombrer au bout de la mer, à l'époque où l'on n'était pas encore certain que la Terre était ronde: pensons à Vasco de Gama, Magellan !

Fidèle à mon habitude, je plonge dans les internets pour trouver les informations pertinentes qui pourront enrichir ce voyage. C'est devenu un plaisir que de préparer un document qui nous servira de guide personnalisé pour aller à la rencontre de terres inconnues et de nouvelles cultures. C'est aussi amusant de chercher là où nous logerons pendant notre séjour: conquises par les expériences passées, nous cherchons donc un appartement qui pourrait nous plaire.

Choisir un appartement ou une chambre d'hôte est un peu plus aventureux que d'aller à l'hôtel, on ne peut être sûr de la qualité du logis choisi...: ça ajoute du "piquant" au voyage ! Et surtout ça permet de côtoyer de plus près les gens du pays: on habite dans un quartier de la ville qui n'est pas nécessairement un lieu touristique, on peut décider de prendre le déjeuner tranquillement ensemble avant de partir à la conquête de la cité; le soir venu, après les expéditions de la journée...un petit verre "chez nous" est bien apprécié, on peut se préparer un repas ou un en-cas. On va à l'épicerie du coin, à la boulangerie du bout de la rue, on s'arrête au café...comme les gens du pays!  On se sent un peu chez soi.

Pour choisir cet "appartement de rêve" , il faut définir des critères de recherche. Les miens sont simples:  l'appartement doit être bien situé,  un métro à proximité est un bon point! On le veut assez joli, confortable, bien équipé...et propret ! 

Vous savez qu'il y a plusieurs plate-formes de location d'appartements ou de chambres d'hôte? On entend souvent parler de Airbnb et il y a aussi Wimdu, Homeaway, Homelidays et plusieurs autres encore! Sur chacune de ces plates-formes on retrouve une multitude d'appartements: on choisit les tarifs,  on indique le nombre de personnes qui devrait pouvoir y loger, on précise nos préférences. En un clic on est face à plus de choix que l'on peut imaginer ! C'est ce que nous avons fait:  nous avons opté pour une chambre dans un appartement de touristes qui s'est avérée être parfaitement située au centre de Lisbonne près de la Praça Marquès de Plombal. 

La gare de Rossio

Mais...il est temps de partir pour Lisbonne, n'est-ce pas ??! Vous venez?

Un mot sur cette grande ville qu'est Lisbonne tout en vous faisant  part de nos découvertes! Capitale du Portugal depuis 1255, Lisbonne est la plus grande ville du pays pour une population d'environ 545,000 personnes. Située sur la rive droite de l'estuaire du Tage, Lisbonne bénéficie d'un climat maritime tempéré: on s'y retrouve à quelques 30 km de la mer de Paille, une baie de l'Océan Atlantique où s'achève le  Tage, long fleuve qui coule depuis l'Espagne. En novembre, la température y est douce quoique la pluie y est plus fréquente et de brèves averses peuvent nous surprendre de temps à autre ! 

Si Lisbonne est la capitale du Portugal depuis près de 800 ans c'est donc dire qu'elle a une très longue histoire...et même préhistoire ! Déjà au paléolithique, le territoire du Portugal actuel est  habité. Plus tard ce sont les Phéniciens, Grecs,  Romains et Wisigoths qui y sont  passés et s'y sont installés avant les peuples Maures du Nord de l'Afrique. Au musée archéologique de Lisbonne, situé au monastère des Hyéronymites, ce passé lointain nous est raconté via les nombreux artefacts qui ont été retrouvés lors de fouilles : ils parlent du mode de vie de ces premiers humains qui sillonnaient le pays il y a quelques milliers d'années avant notre ère.

Monastère des Hiéronymites, au coucher du soleil

Les Maures ont laissé des traces importantes de leur séjour de quelques siècles au Portugal et à Lisbonne (du VIIIe siècle au XIIe siècle). "Al Isbunah"..., on retrouve dans ce mot arabe, le souffle naissant de Lisbonne, tel qu'on l'entend aujourd'hui; le quartier de l'Alfama garde aussi dans son nom des résonances de la langue arabe le nommant "Alfa maa", mille sources !  Les azulejos, ces carreaux de céramique qui recouvrent façades d'édifices, gares, églises, résidences privées sont aussi un héritage des Maures qui ont transmis les techniques de fabrication de ces "pierres brillantes". 

Azulejos

Avec ses ruelles sinueuses qui grimpent jusqu'au Castello Saô Jorge (Château Saint-Georges)  construit par les Maures au XIe siècle sur des fortifications romaines, l'Alfama est le plus ancien quartier de Lisbonne. Du château Saint-Georges, véritable citadelle qui domine la ville, tout Lisbonne s'offre à notre regard. Dans le parc, les paons y déambulent majestueux et hautains et entre les créneaux du chemin de ronde une mer de toit de tuiles rouges s'étale jusqu'au Tage où on aperçoit au loin le "Pont du 25 avril", ce pont jumeau du Golden Gate de San Francisco. Un soir, nous avons aperçu le château vu du bas de la colline, se profilant au clair de lune: spectacle magique où nous étions transportées au Moyen-Âge !

Château Saint-Georges (crédit photo: Globe-reporters)

En 1755 un séisme suivi d'un tsunami et de plusieurs incendies dévastent en très grande partie la ville de Lisbonne. L'Alfama serait le seul quartier à avoir résisté aux secousses sismiques qui auraient été de 8 ou 9 à l'échelle de Richter !! C'est pourquoi, encore aujourd'hui nous pouvons nous perdre dans ce labyrinthe de rues étroites et d'escaliers construites il y a des siècles... 

Le Marquis de Plombal alors Premier Ministre est l'architecte de la reconstruction de la ville, ordonnant l'implantation de rues droites et larges pour remplacer les chemins tortueux du passé. Face au Tage, la Praça do Comercio dans le quartier Baixa (ville basse) n'a pas échappé aux vagues destructrices du tsunami. Reconstruite après le séisme, la Praça do Comercio (Place du commerce) adopte un style plus "moderne" toujours ouverte vers le large.  
Longeant les rives, on peut  imaginer les nefs qui accostaient dans ce port où on déchargeait  les cales remplies d'épices et de trésors provenant de contrées lointaines. Mais on ne peut passer sous silence le fait que cet espace de commerce a aussi connu le trafic des esclaves provenant d'Afrique, l'esclavagisme se conjuguant malheureusement avec les découvertes  des grands explorateurs. 

Praça do Comercio

L'église et le  Covento do Carmos (couvent des Carmes) construit à la fin du XIVe siècle ont aussi subi les méfaits de ce terrible tremblement de terre: on voit en gravissant les marches des ruelles, les gracieuses arches se profiler, témoins de ce bouleversement terrestre. Aujourd'hui, on retrouve un musée archéologique  dans les quelques sections qui ont pu être conservées. 

Tour de Bélem

La Torre de Bélem (tour de Bélem), fière et solide sur le Tage, a résisté au temps et au séisme. Construite au début du XVIe siècle, à l'embouchure du fleuve, face à l'Atlantique, elle garde depuis longtemps l'entrée de la ville et du port. Elle a conquis ses lettres de noblesse, cette belle tour de style manuélin*, en étant inscrite au "Patrimoine mondial de l'UNESCO" tout comme son très fier voisin, le  Mosteiro dos Jeronimos (monastère des Hiéronymites) . Ce monastère dont la construction a aussi débuté au début du XVIe siècle, en 1502, renferme aujourd'hui un musée archéologique dans sa partie la plus récente. Des heures de plaisir nous y attendaient ! Et que dire des lumières qui se glissent sur sa façade:  blanche, écrue ou grise au gré des heures et de la météo: avis aux photographes ! Le cloître et l'église, si vous avez encore du temps devant vous pour les visiter, vous impressionneront par leur richesse !

Monastère de Hiéronymites...si beau 

De colline en colline, nous  arpentons Lisbonne, à pied de préférence, pour tout voir ! Il n'y a pas un azulejos qui n'a mérité des exclamations de notre part ! L'Avenida de la Libertad est une magnifique avenue de Lisbonne: nous l'avons souvent suivie dans nos déplacement profitant des allées piétonnières larges, ombragées de platanes et de palmiers où de petits perroquets verts se chamaillaient dans le feuillage au-dessus de nos têtes.
Quelques ascenseurs et funiculaires   viennent  au secours des piétons et permettent de gravir sans trop d'efforts les hauteurs de la ville. Une fois au sommet des collines, des miradouros (belvédères) offrent aux promeneurs de splendides panoramas de la ville...

Les trottoirs et grandes places de Lisbonne, véritables mosaïques de pierres, guident nos pas en beauté...parfois en étant très glissant les jours de pluie ou encore en étant tout simplement  étourdissant !

 Constatez-le  sur cette photo !

Pavés ondulants de la place du Rossio

Mais que pensez-vous de ceux-ci? Le premier traçant la voie aux piétons de l'Avenida de la Libertad. Belle incitation à la marche, n'est-ce pas? 

Prendre le tram 28 est une expérience en soit !  Par un matin pluvieux nous avons pu parcourir plusieurs kilomètres de petites rues  tout en étant à l'abri des ondées, protégées par sa vieille carcasse de bois poli par le temps. Il nous a fait sourire ce vieux tram qui date de 1930 comme ses autres congénères: il s'essouffle bruyamment à monter avec ardeur les pentes abruptes et grince dans les descentes, frôlant  les murs de chaque côté de la rue par endroit ! Bondés de touristes et de Lisboètes, il se faufile  dans les vieux quartiers populaires et pittoresques.

Tram 28 !

On s'extasie devant la diversité des essences d'arbres: palmiers, oliviers, platanes, figuiers, jacaranda...!  

Vieil olivier dans le jardin du Château Saint-Georges

Qui es-tu bel arbre?

Même en novembre, des oiseaux-du-paradis s'épanouissent au soleil et les crotons, agaves et cactus font foi d'un exotisme végétal qui ne ressemble en rien à ce qu'on connait dans nos contrées nordiques. 

Oiseaux-du-paradis

Nos pas, bien guidés par notre volonté,  nous ont menés vers les musées Calouste Gulbenkian, le musée  d'art moderne et contemporain Berardo et le musée des azulejos...sans oublier celui du Monastère des Hiéronymites: nos yeux ont été ravis de découvrir l'ampleur de ces collections. Je crois que je devrai "prendre du temps pour" y consacrer tout un article pour vous en parler davantage! Ils le méritent bien !

Lisbonne nous a séduites: par ses couleurs pastelles  omniprésentes, par la végétation, le soleil, par les vieux quartiers labyrinthiques où nous franchissons en toute sécurité l'espace-temps, où se côtoie le monde moderne et le Moyen-Âge, par les points de vue incroyables captées du haut des collines quand le regard se tourne vers le large, par l'art dans la rue et l'art de la rue !

Street art, LX Factory, Lisbonne

Mur du jardin botanique tropical

 Voilà tout ce qu'il fallait pour que je tombe en amour avec cette ville et  me convainque  (très facilement !) d'élargir mes horizons vers d'autres lieux du Portugal.

Dites-moi...est-ce que déjà vous êtes tentés de prendre le prochain vol pour Lisbonne et découvrir à votre guise cette capitale? 

 Mais de ce voyage-ci, il me reste tant à vous dire: Sintra et ses châteaux, Queluz et un autre un château, Cascais ville sur la côte Atlantique, les azulejos, les musées !!! 

D'autres articles suivront sous peu! 

*Style manuélin ou art manuélin: désigne l'esprit créatif qui s'est développé au Portugal sous le règne de Manuel 1er, à la fin du XVe siècle. Il est caractérisé par une abondance de motifs décoratifs sur les édifices religieux et les monuments de l'époque. (Wikipédia)