Une excursion dans les îles!




Les îles ont, il me semble, une aura toute particulière, une aura de mystère qui en augmente l'attrait! Robinson Crusoé, Gulliver et... Gilligan ont sûrement contribué à leur réputation de lieu secret, de cachette ou de refuge! L'île parle d'isolement, d'éloignement et laisse place au rêve!

Mais les îles ne sont pas toutes désertes, éloignées, isolées...On n'a qu'à penser à Montréal ou Manhattan!
Pour faire durer le plaisir d'imaginer des îles au cachet authentique, dérobées à la vue de tous et pratiquement inhabitées,nous sommes partis sur la route par un beau matin pour découvrir les Iles de Sorel. La moitié de l'équipage (on était deux...) était un peu sceptique quant à ce que nous allions trouver. Moi, j'étais plutôt enthousiaste à l'idée de connaître un petit coin de pays que je n'avais jamais visité.
Nous avons donc quitté nos chats, notre îlot de fraîcheur (tiens...un ilôt!), les parfums de conifères et avons pris la route vers le sud jusqu'à Berthierville, dans Lanaudière pour rejoindre le traversier de Saint-Ignace de Loyola qui avait pour mission de nous conduire jusqu'à Sorel  en Montérégie. Déjà, pour se rendre au traversier à partir de Berthierville, on traverse en voiture une première île, l'île de La Visitation de l'Île Dupas: petite île du fleuve Saint-Laurent qui avait à l'origine le nom de "La Visitation-de-la Sainte-Vierge-de l'Isle-du Pads"! Le nom a été abrégé au XXe siècle pour s'arrimer au format de l'île! Nous arrivons ensuite à  l'île St-Ignace où nous rejoignons le traversier. Dans l'attente de l'embarquement, je découvre qu'il y a d'autres îles et îlots à visiter en randonnée pédestre ou à vélo de ce côté-ci du fleuve: ça va de soi puisque nous sommes dans l'archipel du Lac Saint-Pierre...
Ce sera pour une autre fois! On garde le cap! Direction Sorel et ses îles! En quelques 20 minutes de traversée nous y sommes.
                          

Plusieurs alternatives s'offrent pour faire le tour des îles:  ponton, yacht, canot, kayak...
Que faire?
 Devant tant de choix, on décide de commencer par une courte randonnée pédestre le long du marais de la baie Lavallière!! Un passage à la Maison du Marais et nous repartons avec les informations requises pour aller à la rencontre de ce milieu humide qui regorge de vie. Il aurait été possible de faire un parcours plus long dans ce marais en canot ou kayak mais l'intensité du soleil nous en dissuade rapidement: déjà on cherche l'ombre et il est tôt le matin. Sur place on apprend que la Maison du Marais propose diverses activités d'interprétations et des excursions en ponton pour les amateurs  d'ornithologie et de photographie; on y loue aussi les embarcations tels que canots et kayaks.
Mais revenons sur nos pas...dans le sentier d'environ 1,3 km au milieu duquel une tour d'observation de 10 mètres nous offre une regard de 360° sur les environs.





Grande tranquillité, chant d'oiseaux, croassement de grenouilles, végétation abondante, on respire le calme quand soudain...cinq grands hérons s'envolent à notre approche! Ils n'aiment pas la visite? Heureusement nous avons eu suffisamment de temps  pour admirer leurs corps effilés s'éloigner à tire-d'aile! Quelques pas encore et c'est une aigrette qui fait la timide et préfère s'enfoncer dans les hautes herbes plutôt que de soumettre son profil aux paparazzi que nous sommes! N'empêche on aura aussi eu le plaisir de capter son regard et son plumage tout blanc!
Nous recherchons en vain les tortues serpentines, alors que quelques grenouilles léopard très audacieuses bondissent près du sentier et plusieurs espèces d'oiseaux sont au rendez-vous! Il s'agit de se faire discret pour les apercevoir ou seulement les deviner présents par leur chant dans les branches et les herbes.



Voilà qu'au retour de notre randonnée nous avons fait notre choix: une ballade de 3 heures sur le fleuve nous attend avec l'organisme Randonnée Nature, voguant tantôt sur  la voie maritime ou sinuant  au travers les bayous de cet archipel!

Excursion avec Randonnée Nature (photo de Randonnée Nature, Biophare)
Le capitaine nous régale de ses anecdotes et fait sourire les quelques 10 passagers que nous sommes. Entre autre, il relate la triste histoire de l'inondation survenue au printemps 1865 qui dévasta la population de l'Île de Grâce: plusieurs habitants y périrent! Les villageois pouvaient quitter l'île l'été en chaloupe et l'hiver en traversant sur le pont de glace.
Toutefois ce printemps-là, la crue fût tellement rapide et forte en raison des pluies abondantes après un hiver rigoureux que les paysans ne purent  que se réfugier au second étage de leur maison ou de leur  étable! C'est par le courage et la détermination de navigateurs de la région qui partirent au secours des insulaires que la plupart furent sauvés! Les inondations et les crues ne sont pas rares ici: nous sommes dans les basses terres du Saint-Laurent et par endroit le rivage de terre ferme se confond avec les hautes herbes marines du marais.
Pour preuve de la fréquente montée des eaux printanières, voyez sur les photos ces chalets sur pilotis prêts à faire face aux crues! Ils sont plusieurs ainsi dispersés sur les îlots, parfois coquets ou abandonnés, solitaires ou regroupés en petit village. Et les îles où ils se perchent ont des noms si pittoresques: île de Grâce, île Plate, îlette au Pé, île d'Embarras, île des Barques, île au Foin, île aux Fantômes!

Vous vous cherchez un petit coin tranquille à la campagne loin de toute circulation? Ce mini-chalet est à vendre!

Vous vous souvenez de roman de Germaine Guèvremont "Le Survenant", dont toute l'action se déroule dans la région de Sorel, dans le Chenal du Moine?  Les faits et gestes des personnages et du héros qu'est le Survenant sont inspirés de la vie des habitants du coin. On aperçoit sur les rives de "L'Îlette au Pé" le chalet tout modeste où Mme Guèvremont a passé plusieurs étés et qui sait peut-être écrit quelques pages en regardant passer les paquebots... 
Chalet de Germaine Guèvremont, Îlette au Pé; rabaska au 1er plan (photo de muséevirtuel.ca)

M. Le Capitaine nous parle aussi du mets régional, la gibelotte de Sorel: mets préparé traditionnellement avec du gibier ou  du poisson de la région (barbote, doré, perchaudes) et des légumes. Il nous raconte même que sa grand-mère y mettait du "rat musqué"!!! Un petit doute s'insinue en moi...il est un peu facétieux ce capitaine d'eau douce! N'empêche que  ce plat  est à l'origine d'un festival unique à la région: le festival de la Gibelotte bien sûr!

Les îles que nous visitons font partie de la "Réserve de la biosphère du Lac-Saint-Pierre de l'Unesco" et ce depuis l'an 2000. Vous savez ce qu'est une réserve de la biosphère de l'Unesco? Je ne le savais pas clairement. Alors voici ce que j'en ai appris et qui s'applique à l'archipel du Lac-Saint-Pierre. (Vous savez sans doute que le Lac Saint-Pierre est un élargissement du fleuve Saint-Laurent entre Sorel et Trois-Rivières!)
Sur la page web de l'Unesco on nous explique que les réserves de la biosphère "sont des sites désignés par les gouvernements nationaux et reconnus par l'UNESCO dans le cadre de son Programme sur l'homme et la biosphère (MAB) pour promouvoir un développement durable basé sur les efforts combinés des communautés locales et s'appuyant sur des connaissances locales et scientifiques. 
Ces sites ont pour propos de concilier conservation de la diversité naturelle et culturelle et développement économique et social. Elles permettent de tester et développer des approches novatrices de développement durable du niveau local au niveau international." L'un des rôles des réserves de biosphère est "d'accomplir trois fonctions interconnectées: la conservation, le développement et l'apprentissage..."

Grand héron solitaire

Aigrette...en bois, son amie!

Ces informations font comprendre l'importance de l'écosystème qu'on visite et bien sûr l'attention accordée par exemple à la revalorisation de certaines îles pour favoriser le retour d'espèces de canards dont la présence s'étiolaient à mesure que leur territoire devenait moins accueillant! Lieu privilégié pour les oiseaux et leurs amis ornithologues, l'archipel du Lac Saint-Pierre dont font partie les îles de Sorel accueille aussi une immense héronnière: il y aurait près de 5000 nids sur la "Grande-Île" seulement! Cette région est aussi une importante halte pour les oiseaux en migration: 168 espèces d'oiseaux y séjournent pour s'y reproduire nous dit-on!  Si vous êtes attentifs vous pouvez apercevoir balbuzard, pygargue à tête blanche, martin pêcheur et plusieurs espèces de canards: patience, ils passeront au vol ou sur l'eau! 
Espace privilégié par tant d'espèces d'oiseaux, l'archipel abrite en outre une grande diversité de  végétaux et d'animaux. Plantes, poissons, oiseaux et autres espèces animales  tous peuvent souffrir de l'action humaine: l'agriculture, la voie maritime du Saint-Laurent et le passage de paquebots, cargos, embarcations de plaisance, chasse et pêche...D'où l'importance de maintenir un équilibre par les gestes de conservation et de protection de l'environnement qui y sont posés depuis quelques années!

Si vous passez par-là, n'oubliez pas une visite au Biophare  et à "Statera la 104e île". Au Biophare des expositions permanentes et temporaires vous en apprendront davantage sur la longue histoire de la région, habitée par les Amérindiens bien avant l'arrivée des Européens; on y rappelle aussi l'importance de l'industrie navale de Marine Industries et "l'effort de guerre"  fourni par les gens de Sorel lors de la Seconde Guerre Mondiale par la fabrications de canons. Statera est une expérience multimédia qui témoigne aussi par une approche interactive de toute la richesse naturelle, culturelle et historique de la région.
On prend le large devant le marais...

Deux vieux érables s'enlacent les pieds dans l'eau




Comme espéré, ces jolies îles pour la plupart accessibles uniquement en bateau, ont tenu leur promesse: elles sont pleines de mystères, de secrets. On y a vu de charmantes cachettes où seulement le bruit des vagues, le croassement des grenouilles et ouaouarons peuvent rompent l'harmonie... et les cornes de brume des navires qui glissent dans la voie maritime! Des trésors cachés? Hé oui il y en a! C'est  toute la nature qui y foisonnent! 
Au retour de cette excursion, 100% de l'équipage était convaincu du charme de cet archipel! 
On peut aller loin en voyage pour se dépayser comme on peut parfois, à  quelques kilomètres de chez soi, découvrir des sites insoupçonnés! Vous est-il arrivé à vous aussi de découvrir pas si loin de chez vous des endroits qui vous étaient inconnus et qui vous ont donné l'impression "d'être ailleurs"? Si vous avez des suggestions, je les recevrai avec plaisir!
Je les aime bien ces petits coins secrets qui nous font faire du tourisme presque chez nous!


Pour en savoir plus:

Commentaires

  1. Quelle jolie promenade sur ces îles. J'ai adoré les maisons sur pilotis . C'est vrai, on va souvent chercher du dépaysement loin de chez alors qu'il est à notre porte!! Merci pour cet article .

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  2. Je suis contente que vous ayez apprécié! Je compte bien continuer l'exploration de lieux méconnus près de chez moi! Ce sera peut-être le sujet de prochains articles!

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